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LES ANIMAUX A TIS

Une harmonie à construire

« Tu es mon meilleur ami, Max, toi seul me comprends… » Un moment de tristesse, un sentiment d’injustice peuvent être confiés par l’enfant à son animal. Ce dernier, vivant plus dans un univers d’émotion que de raison, a souvent « l’art » de sentir les choses, de se rapprocher de l’enfant quand il est triste ou qu’il a peur. L’animal est certes compagnon auquel il peut se confier, un compagnon qui rassure, qui valorise, qui incite à observer et à bouger… Les aspects positifs liés à la présence d‘un animal dans la vie de l’enfant sont nombreux mais il est également utile de rappeler certaines notions de sécurité essentielles à la cohabitation harmonieuse entre les animaux et nos petites têtes blondes…

Quel enfant n’a pas rêvé d’avoir un animal? Si les parents sont parfois réticents, craignant que l’enfant ne contracte des maladies au contact de l’animal ou soit exposé aux sautes d’humeur de son compagnon à quatre pattes, les avantages de la présence d’un animal pour l’enfant sont légion. Il existe certes des allergies et des maladies transmissibles à l’enfant, mais il est possible de les prévenir. Cohabiter avec un animal correctement socialisé, bien soigné, vacciné et régulièrement déparasité, représente un danger moindre que de traverser la rue chaque jour pour se rendre à l’école.

L’animal familier constitue pour l’enfant un potentiel ludique, affectif, éducatif, voire thérapeutique, extraordinaire, qui a pu être mis à profit en milieu scolaire et médical.

Confident silencieux de ses bonheurs et ses chagrins, l’animal constitue une source de joie et de bien-être pour son jeune maître, quel que soit son âge ou son état de santé…

L’animal, un compagnon qui aide à grandir

A tous les âges
De la naissance à trois ans, la relation entre les enfants et les animaux se situe au niveau de l’observation mais surtout du toucher. L’animal peut aider le bambin à entrer peu à peu en contact avec son environnement immédiat par le toucher et susciter l’exploration de cet environnement. A ce stade, si les enfants sont capables d’éprouver les émotions les plus variées et les plus nuancées, ils ne peuvent qu’imparfaitement les exprimer. Leur niveau d’expression, leur maîtrise du langage sont encore balbutiants. Aussi vont-ils mettre en scène avec leurs animaux tout ce qu’ils ne peuvent pas exprimer avec des mots. Les regarder jouer avec leur animal est dès lors un excellent moyen de comprendre ce qu’ils ressentent. Par ailleurs, l’animal familier peut permettre de diminuer l’anxiété ressentie en l’absence d’une personne importante pour l’enfant, offrant ainsi une certaine forme d’apaisement et de continuité. Cependant, même si les bienfaits de l’animal sur le développement de l’enfant en bas âge sont nombreux, il s’agit néanmoins d’une période durant laquelle les parents devront faire preuve d’une vigilance particulièrement accrue. Pensons notamment à l’âge de l’opposition (de dix-huit mois à trois ans), où l’enfant se précipitera sur l’animal même si vous venez précisément de le lui interdire! A ce stade, les enfants n’ont pas non plus conscience de faire mal. Alors, si vous punissez le petit Jules, qui vient de faire déguerpir Minouchette au fond du jardin, il ne comprendra pourquoi : il en voudra à la chatte, qu’il rendra responsable de la scène.

Entre trois et sept ans, la vie devient réalité pour l’enfant. L’animal reste un compagnon de jeu privilégié. Le bambin va développer une intimité avec son animal toujours au travers du toucher, mais également de la complicité et des confidences. A ce stade de son développement, l’enfant apprend aussi qu’il doit modifier certains de ses comportements spontanés, contrôler ses pulsions et les canaliser. S’il ne le fait pas, il risque d’être rejeté. L’enfant comprend donc que l’amour pourrait ne pas durer toujours, qu’il est fragile et doit se mériter. Là encore, l’animal, qui ne juge pas et est égal à lui-même et constant en affection, apportera un certain apaisement.

Entre huit et douze ans, les enfants trouvent réconfort auprès de leur animal de compagnie. Trop grands pour accepter les bisous des parents, ils ne sont pas encore assez mûrs pour une histoire d’amour d’ado et trouvent refuge auprès de l’affection de leur animal.
Un chien à l’école
L’importance de la présence de l’animal auprès de l’enfant est notamment soulignée par le très beau projet concrétisé par Christine Denis, institutrice, consistant à avoir un chien en classe. Eh oui, un chien à l’école, c’est possible! Mais pas n’importe comment! Ce projet a été longuement mûri avant d’être construit. Depuis l’âge de 9 semaines, Shana, chienne Shi-Tzu, accompagne chaque jour à l’école sa maîtresse, institutrice de 5ème et 6ème primaire à l’Institut St Joseph de Gosselies. L’histoire est peu banale. Non seulement il a fallu à Christine Denis et ses élèves de l’audace mais aussi une grande sagesse et beaucoup de persévérance pour développer leur projet et en assurer la continuité : convaincre la direction, le pouvoir organisateur, l’inspection scolaire et les parents, assurer la relève lorsque les élèves montent de classe n’étaient pas une mince affaire… Mais le résultat en vaut la peine car la présence de la petite chienne revêt pour les enfants une importance capitale. En effet, l’apprentissage grâce à Shana représente une motivation à toute épreuve et une valorisation de l’enseignement : apprendre grâce à Shana, c’est savoir lire et comprendre la documentation et les instructions en matière de soins, d’alimentation et d’éducation.

C’est savoir écrire pour convaincre et obtenir les autorisations nécessaires à la présence de Shana à l’école et lors de toutes les activités (classes vertes, classes de neige …). C’est savoir s’exprimer devant les interlocuteurs intéressés par le projet, c’est savoir calculer (frais vétérinaires et pharmaceutiques, doses de nourriture et de médicaments. C’est savoir structurer l’espace et mesurer pour lui préparer un petit coin bien à elle, etc. La présence de Shana implique également une responsabilisation des enfants, qui partagent et assument les tâches quotidiennes inhérentes à la présence d’un chien. C’est avoir des cours de sciences et d’observation au départ du parcours de la chienne : la vue, la reproduction …

Shana est donc un fabuleux moteur d’apprentissage et favorise le contact et la solidarité entre les enfants. Ce sont en effet les élèves eux-mêmes qui assurent la continuité et la relève lorsqu’ils montent de classe, en expliquant aux plus jeunes qui leur succèdent comment s’occuper de Shana. La petite chienne constitue dès lors aussi une source constante d’engagement et un créateur de liens très forts entre les enfants.
L’animal, miroir de l’âme
Grandir aux côtés d’un animal domestique peut se révéler très positif pour le développement d’un enfant. Certaines recherches démontrent, en effet, que ceux qui possèdent un animal font davantage preuve d’empathie. Ils parviennent à mieux comprendre les émotions des autres et à mieux transmettre les leurs. Pourquoi ? Sans doute parce que la relation qui lie l’enfant à l’animal est essentiellement basée sur la communication non verbale. L’enfant apprend à reconnaître les émotions ressenties par l’animal à travers les postures et les mimiques qu’il adopte.

L’animal de compagnie demeure toujours pour les enfants une image privilégiée d’eux-mêmes. Comme l’animal ne parle pas, ils peuvent interpréter ses comportements et le feront en fonction de ce qu’ils ressentent inconsciemment : ils pourront ainsi exprimer leurs propres blessures à travers l’animal.

« Jimmy ne peut pas rester tout seul à la maison toute la journée, il aboie tout le temps et les voisins se plaignent. Il est malheureux : il faudrait que quelqu’un lui tienne compagnie » dit Marie, neuf ans, fille unique de parents divorcés qui ne sont jamais là. Qui est malade de solitude ? Jimmy ou Marie ? Les « mauvais » voisins ne sont-ils pas le reflet d’une mauvaise société qui ne se préoccupe pas assez de ses enfants ?

Grâce à Jimmy, Marie peut exprimer ses sentiments de critique, de colère, de révolte, qui seraient autrement refoulés.
L’animal, un compagnon qui aide à vivre
Le rôle de l’animal de compagnie est également primordial dans l’aide apportée aux enfants « en souffrance », qu’ils soient malades ou handicapés.

Ses fonctions sont multiples et vont de sa présence à domicile, à l’établissement de soins, en passant par l’école ou d’autres terrains d’activités propres à enfant. Comme nous le verrons au travers de quelques exemples concrets, elles offrent de réelles opportunités à une époque où les thérapies se veulent plus douces, plus attentives à la qualité de vie, à la sensibilité et aux émotions des individus.
L’aide des animaux de compagnie aux enfants handicapés
L’animal de compagnie a entre autres la réputation de venir en aide aux enfants handicapés. C’est notamment le cas pour les autistes, refermés sur eux-mêmes par une insurmontable difficulté à communiquer et à établir des relations sociales. Une longue enquête, menée par des chercheurs de l’Université de Warwick en Grande-Bretagne, a montré de façon indiscutable que l’enfant autiste entretient avec l’animal des rapports différents de ceux qu’il entretient avec les êtres humains. Il lui dit bonjour, le cajole, essaie de le soigner s’il est malade ou blessé, cherche réconfort et se confie à lui.

L’étude a également révélé une plus grande sensibilité aux besoins et aux sentiments de l’animal, ainsi que l’absence de colère et d’agressivité. En effet, l’animal fonctionne souvent comme un catalyseur de relations sociales, voire de guérison pour les patients souffrant de troubles de la communication. Il offre un support affectif, une source de motivation et de jeux, une oreille attentive. Il constitue également une grande source d’attachement.

L’animal peut aussi aider des enfants handicapés physiques à supporter leurs faiblesses, à dépasser leur douleur physique, à se responsabiliser et parfois, à se valoriser à leurs propres yeux. Le chien ou le chat, de par leur domestication, ont tendance à s’attacher à l’être humain qui prend soin d’eux. Cette dépendance à l’homme valorise ce dernier puisqu’elle le rend responsable d’une vie. Le chien d’aide constitue pour les personnes handicapées une fabuleuse source d’autonomie et joue aussi indirectement ce rôle social de valorisation : la preuve en est : on sourit quatre fois plus à une personne en chaise roulante lorsqu’elle est accompagnée d’un chien !
… et aux enfants malades
L’animal peut aussi offrir le réconfort de sa présence aux enfants hospitalisés, pour lesquels il représente un support affectif, une source de motivation et de jeux, de même qu’une oreille attentive. L’animal offre au patient un support affectif et une motivation, aptes à rendre plus agréables et plus bénéfiques les exercices physiques proposés avec l’animal. Cette expérience a notamment permis la rééducation d’une jeune fille, amputée de la jambe après un accident, et qui ne voulait plus faire aucun effort ni pour vivre ni pour marcher. Une séance hebdomadaire d’une heure avec un chien a cependant eu raison de ses réticences face à la vie.

Parler de son animal évite également à l’enfant malade de trop parler de lui; en milieu hospitalier, l’animal fournit un thème de discussion plus attrayant et moins stressant que la maladie elle-même. L’animal est un dérivatif efficace de l’angoisse liée à la pathologie, à la rupture avec l’environnement quotidien.

Dans les consultations psychologiques ou psychiatriques, l’animal peut également servir de catalyseur au médecin pour entrer plus facilement en contact avec son patient, lui permettant ainsi d’exprimer ses problèmes ou ses angoisses.

Dans un cadre plus général, l’animal permet de rendre plus acceptable le lieu de séjour du malade, de rendre plus accueillant et plus humain ces établissements parfois déstructurants pour la personnalité des résidents. Par exemple, il n’y a rien de plus efficace pour l’unité d’un service que la présence d’un animal « mascotte », même s’il faut s’en occuper et veiller à son équilibre. L’animal « visiteur de malades», spécialement éduqué pour cette fonction, est également de plus en plus souvent utilisé. Ce système est pratique et peu contraignant pour l’établissement hospitalier puisque les animaux appartiennent à des particuliers ou des associations privées.

L’accueil, les soins, l’équilibre psychique, les acquisitions et progrès des enfants hospitalisés peuvent être facilités et optimisés par l’influence médiatrice d’animaux.

Ceux-ci sont en effet reconnus pour leurs effets sécurisants et anxiolytiques mais aussi pour être structurant dans les régulations émotionnelles, affectives, relationnelles et cognitives et pour jouer un rôle de médiateur et de substitut (notamment en cas de deuil).
« Un chien pour un sourire »
Convaincue des bienfaits de la présence animale sur la santé physique et mentale des enfants, une équipe de professionnels du C.H.R. de la Citadelle à Liège a décidé de mettre à profit ces enseignements pour développer au sein et autour de l’unité pédiatrique de l’hôpital un vaste projet baptisé « Un chien pour un sourire ».

L’originalité du projet consiste en l’utilisation du chien pour tenter d’améliorer le quotidien et le moral des enfants hospitalisés. L’équipe, composée du personnel soignant et d’un spécialiste en comportement et élevage canins, est encadrée par des pédiatres, pédopsychiatres et hygiénistes. Les bénéficiaires en sont d’une part les enfants hospitalisés pour des interventions ou des maladies ponctuelles et d’autre part, les enfants dont la maladie nécessite un suivi à moyen et long terme. Des séances d’activités sont organisées deux à quatre fois par semaine par groupe allant de un à dix enfants, suivant l’âge et/ou les pathologies. Il s’agit d’apprendre aux enfants à mieux connaître et comprendre le chien, à se détendre et à rompre avec la routine parfois pesante de l’hôpital. Pour ceux qui souffrent de pathologies trop lourdes, des séances de contact avec l’animal (jouer, caresser, parler, etc.) sont organisées pour leur permettre de combler les ruptures affectives et relationnelles et leur offrir un moment de détente et de répit.
Animal médiateur dans l’écoute de l’enfant abusé
Nelly Creten, enquêtrice de la police fédérale d’Hasselt, est spécialisée dans les dossiers difficiles d’abus sexuels ou de coups et blessures commis sur les enfants.

Dans cette tâche difficile qui lui est confiée, Nelly est assistée par sa chienne, Yenthe, femelle labrador. « Il y a huit ans environ, j’ai commencé à faire intervenir mon chien pendant ces auditions, explique Nelly. Au fils du temps, mon premier labrador Phaeca, auquel a maintenant succédé Yenthe, est devenu le meilleur « outil » que j’ai eu l’occasion d’utiliser lors de ces auditions.

J’ai découvert par hasard que le contact avec l’enfant était facilité quand j’étais accompagnée de mon chien le jour où j’ai été amenée à auditionner un petit garçon de sept ans, très replié sur lui-même. Lorsque je lui ai dit que mon chien était dans la voiture, il a voulu le voir. Ensemble, on s’en est occupé. A un moment donné, l’enfant, enfin à son aise, a raconté tout le mal qu’on lui avait fait. Ce fut un instant difficile et magique à la fois. J’ai été très étonnée de l’effet qu’avait produit le chien sur cet enfant. J’ai renouvelé l’expérience et ai constaté les résultats positifs apportés par la présence de l’animal. Le chien permet également de renforcer l’enfant d’un point de vue émotionnel et adopte intuitivement un comportement protecteur. Comme si l’animal sentait que l’espace de quelques instants, il pouvait constituer un répit dans ces moments douloureux et briser la solitude de ces enfants. Ce qui se passe entre le chien et la petite victime est quelque chose de sincère et de vrai. L’animal symbolise aux yeux de l’enfant un soutien moral et affectif. Que trouver de plus spontané et honnête qu’un chien… »
Activités assistées par l’animal en milieu scolaire, auprès d’enfants présentant des handicaps variés
Le travail réalisé par Daniel Beniero est également très révélateur des bienfaits de l’animal sur les enfants. Ce dernier organise des activités assistées par l’animal en milieu scolaire, auprès d’enfants présentant des handicaps variés.

Daniel Beniero n’a jamais vraiment souhaité avoir un chien à lui mais son amour pour les animaux et son désir de venir en aide aux personnes moins valides l’ont conduit à suivre une formation de maître-chien et à devenir famille-d’accueil pour l’asbl Dyadis, chargée de la formation de chiens d’aide aux personnes moins-valides. C’est ainsi que Daniel fait la connaissance de Ciska, golden retriever, qu’il éduque à devenir un bon chien d’aide. Hélas, Ciska est déclassée pour dysplasie. Daniel décide alors de la garder auprès de lui. « Je me suis dit que Ciska ne m’avait pas été donnée par hasard, explique Daniel Beniero. Et j’ai voulu trouver une activité parallèle ».

Régent en éducation physique dans une école de l’enseignement spécialisé, Daniel décide d’introduire Ciska parmi ses élèves, des adolescents autistes et handicapés mentaux profonds. Très vite, Daniel s’aperçoit que les yeux s’illuminent et que des sourires se dessinent sur les visages : les enfants, autrefois repliés sur eux-mêmes, se mettent à communiquer, chacun à leur façon, et manifestent un désir de s’exprimer.

« Ils étaient motivés par une activité et s’apercevaient que le chien s’intéressait à eux, alors que personne d’autre ne leur portait d’intérêt. Pour ces enfants, c’était le retour de la dignité, de la joie et de la motivation. Ils m’ont beaucoup apporté et cela m’a confirmé que j’étais sur la bonne voie ». Daniel poursuit alors sa route et introduit Ciska dans une classe primaire de l’école spécialisée de la communauté française à Andrimont. Là aussi, le chien joue très vite le rôle de catalyseur et exerce un impact considérable sur les enfants. « Nombre d’entre eux sont caractériels. Par sa présence, Ciska leur permet de résoudre leurs conflits. En la touchant, les enfants parviennent à s’exprimer. Le chien leur donne envie de communiquer, ouvre d’autres horizons pour laisser un espace de parole. L’efficacité de Ciska est bien plus grande que je ne l’aurais imaginé ».

Daniel Beniero travaille également en hippothérapie. Le chien et le cheval, de par la texture de leurs poils, leur odeur, les aboiements de l’un et les hennissements de l’autre, leur souffle et leur chaleur, captent l’attention et l’intérêt de l’enfant chez qui ils provoquent de nombreuses réactions qu’ils ne manifestent pas habituellement.

L’enfant et l’animal, une relation à préserver

Grandir aux côtés d’un animal peut se révéler bénéfique pour un enfant. A condition de respecter quelques règles en matière de santé et de sécurité.
Santé : des risques parfaitement maîtrisables
La cohabitation de l’animal avec l’enfant peut faire craindre que ce dernier attrape des maladies dont son compagnon à quatre pattes serait porteur. Ces risques, il faut le souligner, sont statistiquement négligeables par rapport au bien-être qu’un animal peut apporter à un enfant.

Le respect des vaccinations nécessaires à l’animal, le contrôle de sa bonne santé et le suivi régulier par le médecin vétérinaire permettent de prévenir ces risques.

De même, les problèmes liés aux allergies respiratoires et cutanées, souvent imputées aux animaux de compagnie, peuvent aisément être résolus par des mesures moins drastiques que l’éviction. La salive, l’urine et les poils des animaux sont en effet des allergènes puissants. Tous les humains n’y sont cependant pas sensibles. Et le chien est généralement moins sensibilisant que le chat. Sur un terrain avéré, la collaboration entre le médecin et le vétérinaire peut permettre de ne pas écarter l’animal du foyer.

Les animaux sont aussi susceptibles de véhiculer des maladies cutanées telles que la teigne, la gale ou encore les puces. Mais une bonne prévention et une rapide prise en compte de ces problèmes évitent tout passage à l’homme. De même, les vers seront évités par une vermification efficace et régulière.

Un animal bien soigné, régulièrement suivi par un vétérinaire et le respect de quelques principes élémentaires d’hygiène (pas d’animal dans le lit, se laver les mains après avoir joué avec l’animal ou manipulé ses accessoires…) ne posent dès lors pas plus de problèmes pour la santé des enfants que n’importe quel bipède.
Sécurité : une question d’éducation et de prévention
Il est important de souligner que le chien qui « agresse » n’est pas forcément un chien errant, croisé au détour d’un chemin. Dans la majorité des cas, il s’agit du « brave toutou » de la famille qui s’est rebiffé. Une étude prospective réalisée en 2001 par des pédiatres belges révèle que 65% des accidents dont ont été victimes des enfants se produisent à domicile et lorsque l’enfant n’est pas surveillé par un adulte. Et 67% de l’ensemble des cas recensés sont dus à un geste inadéquat de l’enfant (réveiller un chien qui dort, prendre son jeu ou sa gamelle, l’importuner par des gestes ou des cris…). Premier constat donc, toujours garder le contrôle sur l’enfant et le chien, même si celui-ci est bien éduqué, équilibré et socialisé. De même, le chat qui griffe n’a bien souvent que ce moyen pour montrer que les limites de sa tolérance ont été dépassées.
L’animal a des raisons que la raison ne connaît pas
L’agressivité de l’animal est en général la conséquence de comportements inadaptés de la part de l’humain qui a mal éduqué son animal et qui ne prévoit pas que ce dernier puisse réagir à telle ou telle modification de ses habitudes. C’est également l’inconscience de l’enfant (particulièrement de un à quatre ans) qui, sans se méfier, provoque l’animal et ne sait pas interpréter les premières expressions d’agacement. La morsure ou la griffure succèdent bien souvent à d’autres avertissements qui n’ont pas été compris, faute d’être connus.

On peut classer les agressions en différentes catégories : agressions par irritation (manipulations excessives ou douloureuses), par peur (l’animal se sent menacé), prédatrices (mal socialisé, l’animal se considère face à une proie), hiérarchiques (remise en cause de trop larges prérogatives concédées à l’animal), maternelles (protection des petits) et territoriales (le domaine qui est le sien ou qu’on lui a laissé accaparer est « envahi »). Ces agressions ont lieu dans des circonstances précises et sont bien évidemment de gravités différentes. Ne disposant pas, comme nous, du langage, l’animal ne possède que ses « outils » pour faire connaître son « point de vue ».
L’importance de la socialisation
La socialisation est la capacité d’entrer en relation avec un individu, quelle qu’en soit l’espèce. Pour l’animal, il s’agit d’abord de la sienne propre puis des autres : autres espèces animales et espèce humaine. Et pour cette dernière, les différentes catégories que constituent les hommes, les femmes, les enfants, les ados, les personnes âgées, les valides et les moins-valides, etc…

Les scientifiques émettent l’hypothèse que le chien considère la famille dans laquelle il vit comme une meute. Il y retrouvera donc la structure hiérarchique propre aux canidés. Il est dès lors essentiel de faire comprendre au chien quelle y est sa place.

Accorder trop de privilèges à un chien revient à lui donner un pouvoir dont il pourrait user et abuser. Certains auteurs parlent parfois d’amitié instinctive de certaines races pour les enfants. Or, il est insensé de croire que l’amitié pour l’enfant existe dans la génétique du chien. Les seuls sujets « aimant » les enfants sont ceux qui ont été socialisés aux enfants.

Chez le chien, cette socialisation est aisément acquise avant l’âge de trois mois. Par conséquent, acquis vers l’âge de huit semaines, le chiot devra être mis en situation de jeu avec des enfants, sous le contrôle vigilant d’adultes, qui veilleront à ce que l’expérience soit enrichissante pour tous.

L’importance de l’éducation

L’éducation du maître
L’acquisition d’un animal est primordiale. Lequel choisir ? Où ? Quand ? Comment ? Une consultation préalable d’un vétérinaire peut aider à effectuer le meilleur choix, en fonction des envies, des possibilités, de la composition de la famille et de l’environnement quotidien. Selon l’animal acquis, il faudra lui donner les soins et l ‘éducation nécessaire. C’est particulièrement vrai pour le chien qui requiert une attention particulière. Outre une abondante littérature sur le sujet, l’aide de professionnels, comme le vétérinaire ou l’éducateur canin, s’avéreront souvent plus qu’utiles. Toute la famille est concernée et pas seulement le « propriétaire ». Quant à l’enfant, dès son plus jeune âge et en fonction de ses capacités, il peut être associé à cette intégration réussie.
L’éducation de l’animal
Apprendre et connaître les bons gestes, les bons comportements offrira les meilleures conditions d’une cohabitation harmonieuse. Cet apprentissage demande du temps, de la patience, de la persévérance et de la constance. Loin d’être une corvée, ce peut être une activité ludique et le gage aussi d’une réelle complicité entre l’animal et ses maîtres.
L’éducation de l’enfant
Il faut apprendre à l’enfant ce qu’est un animal familier, quelle est sa place dans la famille, la manière de le soigner, de le respecter et de l’aimer. L’enfant de plus de trois ans (plus jeune, il n’en est pas capable et doit rester sous le contrôle d’un adulte) devra apprendre à reconnaître et à interpréter correctement les signes d’irritation, de refus, de joie…émis par l ‘animal et à les respecter. Ainsi, même le chien le plus doux et le plus équilibré peut présenter des variations d’humeur ou de tolérance au contact, ou encore souffrir d’une affection douloureuse et ne pas accepter une manipulation que d’ordinaire il appréciait. Toutes choses qui ne sont pas innées et que l’enfant peut découvrir sous la conduite d’un adulte. C’est d’abord la mission des parents. Elle peut aussi avoir pour cadre l’école.
Le rôle de la prévention
Les auteurs de l’enquête réalisée par les pédiatres en 2001 ont conclu que la majorité des morsures de chiens sur des enfants auraient pu être évitées grâce à une meilleure éducation de l’enfant à l’animal. Il y a donc un travail à effectuer au niveau préventif et éducatif de la part des médecins, des vétérinaires et aussi des parents. Les pouvoirs publics ont également un rôle à jouer en favorisant, en milieu scolaire et éducatif, l’apprentissage des enfants à l’animal plutôt qu’en imposant des interdits arbitraires généralement inefficaces.

Cette éducation fait déjà l’objet d’un travail important de la part du monde associatif, dans la plupart des pays européens. Du matériel pédagogique est proposé aux écoles.

Des animateurs spécialisés se rendent dans les écoles, dans les centres aérés et autres lieux de rassemblement d’enfants. Tous sont, soit éducateur canin, soit propriétaire ou bon connaisseur des chiens et proche des enfants de par leur situation professionnelle et/ou familiale. Les tandems « humains-chiens » sont attentivement sélectionnés, en rapport avec les besoins et la spécificité de l’activité proposée.

Accompagnés d’un chien répondant aux exigences requises, ils apprennent aux enfants ce qu’est un chien, son comportement et son langage, ses besoins et ses attentes, les bonnes et les mauvaises attitudes à son égard, etc. Ces activités ont pour but d’améliorer la cohabitation « enfants-chiens », en limitant soit les craintes, soit la trop grande témérité, souvent inconsciente de certains enfants. Ce travail, très souvent bénévole, est hélas trop peu connu et n’est guère soutenu ni par le secteur professionnel de la santé ni par les pouvoirs publics. Il est pourtant d’importance capitale car il permet de prévenir les erreurs de comportement des enfants, del eur offrir une relation harmonieuse avec l’animal, de faire de nos petites têtes blondes de bons « futurs » maîtres.
La petite enfance
Depuis l’automne 2003 et dans le cadre de ses actions santé-éducation, l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance) développe une vaste campagne d’information sur le thème « L’enfant et le chien, de la sécurité à la complicité ». Destinée aux professionnels de la petite enfance et aux familles, elle propose différents outils de formation et d’accompagnement, en vue de garantir une cohabitation harmonieuse enfant-chien, que ce soit à domicile ou en milieu d’accueil : journées d’étude, brochures, posters, affichettes, jeux interactifs…
Le milieu scolaire
Après avoir suivi ensemble une formation spécifique auprès de l’asbl CIEC, une animatrice expérimentée vient à l’école accompagnée de son chien. Avec celui-ci et à l’aide de petits jeux, d’une documentation largement illustrée, d’explications simples et pratiques, elle apprend aux enfants à connaître le chien, à comprendre son comportement, à respecter celui-ci, à adopter la bonne attitude en présence de chiens que l’on connaît et surtout que l’on ne connaît pas. Les enfants ont aussi l’occasion de partager leurs expériences, de développer leur sens des responsabilités pour être ou devenir de « bons petits maîtres ». Et pourquoi pas de partager cette nouvelle expérience avec leurs parents ou de la prolonger à l’école par d’autres activités (récits, dessins, visites à l’extérieur, fête de l’école, etc…). Le chien invité est bien entendu très propre, en excellente santé, bien éduqué et parfaitement socialisé aux enfants.

Au-delà d’être un formidable compagnon de jeu, un ami fidèle et une présence apaisante, le chien va offrir à l’enfant, la possibilité de jouer le rôle d’éducateur, et ainsi l’aider à s’ouvrir à la citoyenneté et à la responsabilité en lui faisant prendre conscience que l’acquisition d’un animal implique des devoirs : ce dernier a en effet des droits et des besoins qu’il faut respecter. Apprendre à connaître l’animal, c’est aussi apprendre le respect du vivant et le respect de l’autre. A cet égard, l’animal constitue un excellent vecteur dans l’apprentissage du respect de la vie et de la citoyenneté responsable.
Source : Etho News 109 (août 2004)